"Nil Satis Nisi Optimum"
Champions : U15: 1999, 2000, 2001, 2005, 2006, 2007, 2008, 2013, 2018 // U17: 2000, 2002, 2005, 2010, 2011, 2014, 2017 // U20: 2004, 2006, 2009, 2011, 2013, 2015, 2017, 2019 ...

CHAR Haro sur les BDE...

 

Sujet d'actualité brûlant, les « boissons dites énergisantes » (BDE) sont au cœur d'une polémique suite aux conclusions d'un rapport de l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES). Arrivées sur le marché français en 2008, ces boissons sont désormais entrées dans les pratiques courantes de consommation y compris pour les sportifs, l'occasion de se pencher sur la question en compagnie du Docteur Bernard Cauchois, médecin du sport et « figure incontournable » du hockey rouennais.

 

Avant toute chose, il convient de distinguer les « boissons dites énergisantes «  des boissons énergétiques. Si la confusion est savamment entretenue notamment par les distributeurs des BDE, les deux types de boissons sont dissociables. Une boisson énergisante est une boisson qui fournit à son consommateur un regain d'énergie à l'aide d'une stimulation mentale ou physique le plus souvent à l'aide de substances psychoactives comme la caféine (Ex : RedBull, Burn, Monster etc) Au contraire, les boissons énergétiques fournissent nutriments et minéraux essentiels à la performance comme le souligne Bernard Cauchois « Les boissons énergétiques type Isostar ou Powerade pallient en partie aux risques, de ce qu'on appelle dans le sport, la fringale, un état d'hypoglycémie nuisible à la performance sportive, en apportant l'énergie nécessaire via le sucre dans le foie et les muscles »

 

Dans une enquête initiée par l'Institut de Recherche en Bien-être, médecine et Sport Santé (IRBMS) sur une population de 1721 sportifs de haut niveau, on constate que 25% des sportifs consomment des boissons dites énergisantes lors de l'effort et 16% en prennent dans le but d'améliorer leurs performances. Toujours selon cette étude 49% des participants se trompent sur les effets par ignorance ou confusion. Prenons quelques minutes pour reprendre point par point les résultats de cette enquête en la transposant dans le milieu du hockey sur glace et plus spécifiquement sur les jeunes du Club de Hockey Amateur de Rouen. Si les résultats ci-dessous n'ont pas de valeur statistique proprement dite, une étude à plus grande échelle sur des populations différentes serait sans doute plus « juste scientifiquement », il n'en demeure pas moins qu'une expédition au sein du vestiaire cadet de l'équipe de Rouen est révélatrice des pratiques de consommation et de la confusion autour de ces boissons.

 

Sur les 14 joueurs présents à l'entraînement de mardi soir, 3 joueurs précisent qu'ils ont consommé au moins une fois depuis le début de la saison une boisson style RedBull soit un pourcentage de 21% Dans la norme des différentes études même si ce type de comportement semble se modifier peu à peu au fil des générations, les plus jeunes mieux informés se ruant nettement moins sur ce type de produits que les générations précédentes. Et lorsque l'on se penche sur leurs motivations de consommation, rapidement on retrouve des comportements soulignés dans l'étude menée par l'IRBMS comme le souligne Ludovic Duchesne, joueur cadet à Rouen « même si je suis conscient que les effets de ces boissons n'ont pas d'incidence sur ma pointe de vitesse, il m'est effectivement arrivé d'en prendre avant les matchs en imaginant un éventuel effet durant les matchs », ou encore Guillaume Duquenne, gardien Espoir élite « la saison dernière, j'avais mon pack de canettes redbull pour le match. J'en prenais trois ou quatre par rencontre. Avant et pendant le match. Rapidement j'ai constaté que les effets n'étaient pas ceux attendus bien au contraire. Je me sentais mal, les jambes lourdes, la bouche pâteuse et le besoin de m'hydrater encore plus, très loin de l'excitation que j'attendais « 

 

Pour autant, faut-il pour autant diaboliser le RedBull ? La réponse donnée par le Docteur Cauchois ne laisse que peu de place à l'hésitation : « En tant que médecin, je porte un regard très négatif sur ce type de boissons. Il n'y a aucun indication à la consommation de ces boissons lors de l'effort. Scientifiquement, il est prouvé que la consommation de ces boissons peut avoir des conséquences médicales parfois très graves allant même pour certains cas fort heureusement très rares jusqu'au décès (ndlr : en juin 2012, l'ANSES indiquait avoir reçu plusieurs signalements d'effets indésirables suspectés d'être liés à la consommation de boissons énergisantes dont deux cas mortels par crise cardiaque). Bien évidement, à cela nos jeunes vont répondre qu'ils en consomment régulièrement en soirée ou dans le cadre de leurs activités physiques, et qu'ils n'ont jamais ressenti de problèmes particuliers mais quoiqu'il en soit dans certaines conditions spécifiques, le RedBull et autres peuvent avoir des effets néfastes sur l'organisme (ndlr : troubles du rythme cardiaque, effets cardiovasculaires, légère déshydratation. Selon l'étude menée par l'IRBMS, 10% des sportifs interrogés reconnaissent ressentir une tachycardie inhabituelle) Pour moi, boire du Redbull est tout simplement inadapté à la pratique du sport. Ce n'est pas parce que tu es excité que tu vas marquer des buts ou être performant sur la glace. Tu seras plus performant si ton alimentation est adaptée, si ton sommeil est correct, si tu as fait les efforts nécessaires à l'entraînement dans la semaine mais en aucun parce que tu es excité sur la glace. Cela ne donne strictement rien. »

 

Les études ne manquent pas sur le sujet, au moment de l'autorisation de vente de la marque RedBull en France en 2008, l'Institut National de Veille Sanitaire (INVS) a mis en place une surveillance sur les boissons énergisantes. Au terme de cette étude de six mois sur un échantillonnage donné, 24 cas d'effets indésirables étaient recensés parmi lesquels : des troubles d'ordre cardiaque mais également neurologique (crises d'épilepsie, tremblements, vertiges) et même psychiatriques (angoisse, agitation, confusion)

 

Reste, pour finir, bien évidement à relier la consommation de ces boissons au spectre du dopage. Le raccourci est certes facile et fallacieux mais néanmoins mérite que l'on creuse la question. Jusqu'en 2004, la caféine était considérée comme un produit dopant par l'Agence Mondiale Anti-Dopage (AMA) Lorsque l'on se penche sur la composition d'une canette de Redbull de 250 ml, on retrouve environ 80 mg de caféine (effets excitants), 1000 mg de taurine (acide animé soufré impliqué entre autres dans la transmission de l'influx nerveux dont l'apport excessif ne semble apporter aucun bénéfice sur la performance selon de nombreuses études) et 600 mg de D-glucuronolacton (un sucre naturellement présent dans l'organisme, une canette apportant environ 600 jours d'apports alimentaires) Un cocktail détonnant qui n'a pas d'incidence sur la performance donc pas d'effets dopants « Le Redbull excite mais ne dope pas. Dans la pratique du sport, bien longtemps la caféine était interdite lors de la pratique du sport puis enlevée après des études prouvant qu'il fallait une quantité hors norme de caféine pour être dopé. De fait, la consommation des boissons dites énergisantes n'est pas du dopage en soit puisque sans effets sur la performance pure en revanche on peut parler de comportement dopant ou d'attitude dopante dans la mesure où pour les sportifs, l'utilisation de ces boissons par les sportifs est faite dans un but d'amélioration de la performance même s'ils se trompent » de conclure Bernard Cauchois sur ce sujet.

Au final, si RedBull « vous donne des ailes », il est loin d'être évident que la consommation de ces boissons remplacent les patins de nos joueurs par des fusées à réaction ou les crosses par des snipers à visée précise. Tout est une question de marketing et de publicitaires avec la nébuleuse entretenue autour du dépassement de ses limites allié à la consommation de boissons « de l'extrême » Un autre débat.



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